Vincen Beeckman,
Au delà des clichés
Quand on va à Charleroi, il faut avoir envie de rencontres. C'est là que Jacques Cerami tient une galerie d'art contemporain. Vincen Beeckman y expose.
L'oeuvre de Vincen Beeckman ne se laisse pas posséder au premier regard. Il faut savoir l'approcher lentement, l'observer, passer du temps là, s'assoir à ne rien faire, détourner le regard vers l'extérieur, y revenir, et se laisser porter par l'ambiance : son oeuvre est une oeuvre exigeante, une oeuvre qu'il faut apprivoiser. Lorsque Vincen Beeckman part en voyage, c'est avec une adresse en poche pour principal bagage. Un contact, un lieu où dormir, et l'aventure commence. Une rencontre se fait, des pistes s'ouvrent, ouvrant à de nouvelles rencontres et à de nouvelles pistes. Il circule de proche en proche et arrête son regard sur ce qui l'entoure. Ses photographies sont des cailloux laissés sur le chemin. Elles donnent à voir et magnifient une humanité simple, entre fierté et chute, entre transe et souffrance, laissant parfois filtrer un brin d'affectueuse ironie. Elles témoignent d'une déambulation au fil des rencontres, et c'est ce parcours que ces clichés nous invitent à reconstituer.
A la galerie Jacques Cerami, Vincen Beeckman nous présente deux périodes de travail entremêlées. D'un côté, les autoportraits et portraits du quotidien, et de l'autre "Di Retorno da Milano", avec comme articulation le fameux portrait de la vendeuse de bananes, qui rend compte à merveille de l'univers de l'artiste. Les portraits du quotidien sont de petits bijoux pris sur le vif. Leur pouvoir de fascination est sans doute autant lié à l'incongruité de la situation photographiée qu'au hors-champ dangereusement énigmatique... Quand au Retorno da Milano, ce sont quelques pièces que Vincen Beeckman nous présente. Faire les liens entre les hommes au sang fier, les paysages dévastés, et les objets d'un quotidien qui n'en finit plus de convulser, demande de s'arrêter un peu pour retisser les fils de sa course photographique. Nous sommes ici bien loin de "l'esthétique minute" des images prostituées qui en vendent au premier regard. Pas de voyeurisme dans les images de Vincen Beeckman. Au contraire, à travers le regard que l'on porte sur elles, elles nous parlent de nous; elles questionnent notre propre regard sur le monde et notre rapport à celui-ci. Parfois déroutantes, elles nous poussent à l'arrêt, quand interdits, il nous faut demander le chemin.
Quand on va à Charleroi, il faut avoir envie de rencontres...
© Frédéric Rolland 2013
Di Retorno da Milano
Exposition du 25-05 au 29-06-2013
Galerie Jacques Cerami
Route de Philippeville 346 - 6010 Charleroi - Belgique
Pavés
Mouchoir
Herbe
Perdu
Mauvaise
En fleur
Plastiques
Fleurs
Grillages
Improbable
Téléphone
Animal
Bord
Détail
Marge
qui tue
Humanité
Paisible
Écartelée
Frontière
Vincen Beeckman s'expose à "La Part du Feu"
du 20 octobre au 4 novembre 2012
Galerie "La Part du Feu"
rue Saint-Ghislain 55, 1000 Bruxelles