Untitledness,

Installations,

J’arrivai en milieu de matinée. Il faisait frais, sec, et le soleil d’automne réchauffait encore l’atmosphère. Je fus surpris que l’atelier occupât toute la surface du vieil appartement de trois pièces en enfilade. Tout était calme et tranquille. Dès l’entrée, je fus attiré par l’angle de la pièce. Au dessus du bureau, les deux murs étaient couverts de photos de taille hétéroclite qui y étaient agrafées. Des personnages de toute sorte et de toutes les époques regardaient l’objectif. Un homme fumait en noir et blanc. Une femme regardait tendrement le photographe. Une petite fille faisait la moue, une autre se grattait le nez. Une famille faisait la pose devant un tire-fesses. Une femme assise par terre souriait. Sur le mur opposé, dans son sous-verre, une reproduction défraîchie d’Edward Hopper se mêlait aux reflets des stores et répondait aux personnages sentinelles. Chaque objet semblait disposer de son emplacement, figé par une fine couche de poussière. La pièce intermédiaire était sombre et encombrée et s’ouvrait à l’arrière sur la pièce atelier. Au mur, chaque outil avait trouvé sa place. Marteaux, tournevis, pinces et pinceaux formaient des alignements géométriques. Au centre, une grande table haute servait d’établi. Une petite balayette était encore posée dessus. Un angle de la pièce était occupé par de grands pots de plastique alignés sur une série d’étagères. Certains étaient remplis de coquillages, d’autres de brisures de faïence de couleurs assorties. Au sommet, deux grands rabots anciens étaient accrochés au mur. Devant la fenêtre, un verre en forme de tulipe attendait sa bière. De l’autre côté on apercevait la cour. Là, un petit jardin à hauteur d’enfant regroupait quelques pots de plantes en apprentissage, un bateau en terre cuite façonné à la main, des sémaphores, des balises et toutes sortes d’objets formant un univers magique.



28-10-2004