Untitledness,

Frédéric ROLLAND

COLLECTION TEMPORAIRE

Collection Temporaire,

RÉMY RUSSOTTO

Trace

2010

Photo, tirage argentique sur papier baryté  /  Zilverhoudende afdruk op bariet papier

30 x 50 cm

Comment prendre une image du réel? La photographie invente l'obturateur à guillotine (tandis que l'aide du bourreau est surnommé le photographe).


Patrick Wald Lasowski, “Guillotinez-moi! : Précis de decapitation”.


Rémy Russotto

Né à Bruxelles (Belgique) en 1976, hanté par les films noirs de Fritz Lang, la belle Kim Novak, youtube, la disparition, le désert du Sud de la Californie, Veronica Lake, le crime parfait, la chaleur sèche, Alfred Hitchcock et le photographe Daido Moriyama.


Paranoia

Rémy Russotto prolonge la pratique de l’obturateur à guillotine dans le XXIème siècle. Il construit un travail hanté par le crime en identifiant le photographe au criminel, au bourreau. Il photographie les villes comme d’immenses théâtres du crime. Le crime est total. Ses traces se répandent partout. Les photographies s’accumulent. Les moyens et les formes utilisées sont classiques. L’ombre et la lumière, le noir et le blanc. Des objets reels se mêlent à l’exposition. La scène est intime. Le visiteur mène l’enquête. Que s’est-il passé? L’appareil est argentique comme une lame. Il est entièrement mécanique. Il est un outil d’exécution. Les photographies sont réalisées avec un Leica MP, objectif Summicron 35 mm. Les films sont des Kodak noir et blanc 3200. Les tirages sont sur papier baryté


L’expérience

Il faut croire les Indiens d’Amérique quand ils disent que leur âme est volée quand elle est photographiée. Le geste de photographier est un geste violent qui remplace une chose par une autre. Il partage quelque chose avec le crime. C’est cette réalité criminelle que Rémy Russotto met en évidence en photographiant les villes sous l’emprise de la paranoïa et des caméras de surveillance. Il procède selon une logique du pire.


De l'"Auto-portrait en noyé" d'Hippolyte Bayard (1860) aux photographies prises par les téléphones portables, des vidéos produites dans la prison de Abu Ghraïb aux images générées sur youyube, le geste de photographier a été indéfiniment répété. D’où l’ampleur du désastre.